Aucune réaction suite au discours de Sleimane, mais Aoun est la cible d’une campagne sunnite dès qu’il réclame une amélioration des prérogatives du Président…
Posted by jeunempl sur août 10, 2009
Quand le général Michel Aoun, député chef du groupe parlementaire « Changement et Réformes », a réclamé une amélioration des prérogatives du Président de la République, les réactions de dénonciation se sont multipliées…
D’abord, l’ancien premier ministre Omar Karameh a clairement déclaré qu’il n’est guère envisageable pour la communauté sunnite que le premier ministre redevienne « le secrétaire de quiconque ».
De même, l’ancien premier ministre Salim Hoss a estimé que « toute violation de l’Accord de Taëf conduirait à des conséquences néfastes ».
Quant à Azzam Dandachi, député membre du groupe parlementaire « Futur », il s’est dit « désolé » que le général Aoun ait atteint un « si bas niveau » de pensée, surtout qu’il « ne s’est pas encore réveillé de son cauchemar, celui de voir un autre responsable occuper le siège présidentiel ». Dandachi est allé jusqu’à conseiller le chef du Courant Patriotique Libre de prendre des vacances pour mener une autocritique et une évaluation précise de sa situation politique et populaire.
De son côté, l’ancien député Misbah Ahdab a insinué que « ceux qui réclament une modification de la Constitution et de l’Accord de Taëf, semblent solliciter l’appui syrien pour amender cet Accord ». Il a rappelé que l’Accord de Taëf n’a pas été correctement appliqué à cause de la présence syrienne au Liban.
Jusqu’ici, il ne s’agit que de propos traduisant l’indignation sunnite dès que le général Aoun appelait à une récupération des prérogatives du Président de la République, qui lui ont été retirées suite à l’Accord de Taëf.
Pourtant, le 1er août de cette année, dans son discours lancé lors de la cérémonie organisée à l’occasion du soixante-quatrième anniversaire de l’armée libanaise, le Président Michel Sleimane a dit : « Si le problème est dû aux politiciens, qu’ils s’en aillent et laissent la place à d’autres plus compétents; et si le problème est dans la Constitution, amendons-la de façon à équilibrer les pouvoirs… Nous ne devons reconsidérer les failles constitutionnelles pour trouver une solution inventive pour former le prochain cabinet, faire face à tous les scrutins, et éviter de nouveaux conflits suscités par les polémiques concernant le rôle du Président de la République et les responsabilités qu’il doit assumer »…
Par conséquent, maintes interrogations s’imposent:
Pourquoi toutes les parties se sont auparavant attaquées au général Aoun, alors que nul n’a critiqué le discours du Président Sleimane, qui adopte pourtant les mêmes revendications? Quelle est l’attitude des députés du courant du « Futur » vis-à-vis du discours de Sleimane? Pourquoi ce silence suspect?
A ce niveau, il serait convenable de rappeler que le général Aoun a réclamé une amélioration des prérogatives présidentielles alors qu’il n’a jamais été élu Président de la République. Cependant, les réclamations de Sleimane surviennent alors qu’il occupe le poste de Président de la République libanaise.
Un seul fait reste remarquable… Sleimane a lancé son discours samedi, suivi, le lendemain, du « discours – bombe » du député Walid Joumblatt, président du Parti socialiste progressiste (PSP). Les prises de position de ce dernier ont poussé majorité et opposition à négliger tout autre événement pour accorder leur attention totale aux séquelles de « l’insurrection joumblattienne »…
Dans cet ordre, un député du « Futur » précise: « Ces propos sont inacceptables, mais les circonstances récentes nous ont empêchés d’y répondre ». Et d’ajouter: « Comment commenter les réclamations du Président, alors que notre victoire aux législatives est mise en doute et sujette à un renversement? ». De plus, il souligne que la dignité du siège présidentiel « nous incitent à hésiter avant d’émettre une réaction quelconque, alors que le général Aoun est un député et collègue au Parlement. Il est vrai qu’il est un rival politique et il nous est plus facile de lui répondre ».
D’un autre côté, une source du PSP révèle que ce parti s’attache à l’attitude du député Joumblatt, lancée en mai dernier, concernant la nécessité de discuter toute affaire d’une manière paisible et non médiatisée, mais toujours sous le plafond de l’Accord de Taëf. Cette source assure son appui à l’amélioration et au renforcement des prérogatives du Président de la République, pour éviter toute crise gouvernementale, à condition de respecter le cadre de l’Accord de Taëf.
La même source du PSP estime que Sleimane a besoin de se comporter en « vrai président », ajoutant: « Le Président libanais doit bénéficier d’une marge de pouvoir par l’élaboration d’une tournure basé sur le concept de Taëf et sur la nécessité de reconsidérer les prérogatives présidentielles ».
Dans cet ordre, cette source déclare que le député Joumblatt et son parti se rangeront toujours du côté du Président, en vue d’améliorer son rôle et son autorité, indifféremment de ses précédentes alliances avec le courant du « Futur » et les autres parties politiques. Et ce, en raison de la nécessité d’appuyer la présidence et d’améliorer son rôle d’une manière efficace et concrète.
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