Mouvement pour le Liban

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La Foire internationale de Tripoli a-t-elle un avenir ?

Posted by jeunempl sur juillet 10, 2009

Revue Eco Jeunesse

Foire Tripoli
Quel avenir pour la Foire internationale Rachid Karamé de Tripoli ? Inachevé, abandonné depuis trente ans, délaissé par les Tripolitains, ce site exceptionnel est rongé par la décrépitude et dévoré par la végétation. Les élèves de 1re Scientifique du Collège des Sœurs des Saints-Cœurs de Tripoli ont décidé de mener l’enquête auprès des décideurs.

Sur plus de 100 hectares, dans un site magnifique situé entre la ville ancienne de Tripoli et le port de Mina, la carcasse du pavillon du Liban est battue par tous les vents, l’héliport attend encore son premier hélicoptère, le restaurant n’a jamais reçu le moindre convive, la voûte du théâtre ne nous renvoie que l’écho du vide, un vertigineux escalier totalement rouillé tourne inutilement sa vis. Des silhouettes décharnées, c’est tout ce que la foire, créée dans les années 60, offre aux rares visiteurs.
Et pourtant, lorsque le président Chehab décide de lancer le projet de la foire internationale de Tripoli, il voit grand… Son dessein : décentraliser le Liban, donner une chance de développement à chacune des régions. Il choisit pour cela le plus grand architecte de l’époque, le Brésilien Oscar Niemeyer.

Des lignes futuristes

Devenu depuis le symbole de l’architecture moderne, Niemeyer propose un ensemble aux lignes extrêmement futuristes, qui, 40 ans plus tard, affichent toute leur modernité. Il va également utiliser des matériaux nouveaux, notamment le béton brut de décoffrage. Basée sur l’intuition et la logique de la nature, le projet Niemeyer décline des lignes courbes qui l’intègrent dans le paysage. Tous les édifices sont en rondeur (cylindre, dôme, arche, etc.), mais chacun possède sa propre originalité.
A Tripoli, Niemeyer se lance des défis en construisant par exemple les Pavillons internationaux : 600 m d’un seul tenant en arc de cercle et reposant sur des piliers. Une prouesse technique à l’époque.
En 1962, Oscar Niemeyer arrive au Liban pour l’exécution du projet. En 1967, le chantier tourne à un rythme ralenti à cause de problèmes de financement. En 1975, la guerre éclate et provoque l’interruption des travaux. Le site est abandonné. Le projet initial ne sera jamais achevé.
Depuis, plus rien ou presque. Quelques cyclistes circulent entre des fantômes, de rares groupes effectuent une visite guidée du site en léthargie. Les pavillons internationaux terminés tant bien que mal ne reçoivent plus qu’exceptionnellement les foires artisanales ou salons du Livre qui les faisaient vivre l’espace de quelques jours jusqu’à une période récente. La Foire internationale, elle qui devait devenir un espace de respiration dans une ville orientale à la très forte densité n’est plus qu’un vaste no man’s land.

Plusieurs tentatives

Mais y a-t-il un avenir pour la foire ? En 2005, l’APSAD (Association pour la protection des sites et des anciennes demeures) et PSF (Patrimoine sans frontière) ont réussi à obtenir l’inscription du site sur la liste mondiale des bâtiments menacés, la World Monument Watch List.
Cette reconnaissance de la valeur patrimoniale du site, de sa beauté et de son originalité ont été à l’origine du rejet d’une tentative de relance. En 2004, la transformation du site en Disneyland local proposé par la Chambre de commerce et d’industrie a été catégoriquement repoussée par les défenseurs du site qui estimaient que le projet aurait débouché sur un « massacre » du concept architectural original.
Interviewé par les élèves de 1ère, Mosbeh Rajab, architecte et urbaniste, grand défenseur du site, remarque que la Foire est toujours sous la menace de « l’appétit foncier qui caractérise les autorités publiques à chaque fois qu’un nouvel équipement doit être construit à Tripoli. Leur regard se tourne impulsivement vers les surfaces vides de la Foire pour éviter d’acheter ou d’exproprier un terrain. »
En 2006, une autre tentative a avorté. Il s’agissait de créer une « Foire chinoise », en fait un centre de distribution de produits chinois. Selon les propos recueillis par les élèves auprès de M. Rachid Jamali, président de la municipalité de Tripoli, cette nouvelle opportunité a été confrontée à « l’opposition des institutions économiques de Beyrouth qui craignaient vraisemblablement la concurrence ». De toutes les façons, la malchance s’abattait encore sur le site : la guerre de juillet 2006 et le conflit de Nahr el Bared ont coupé tous les élans des investisseurs.

Privatisation

« Le ministre de l’économie a également proposé une coopération économique joignant tous les pays arabes à la Foire de Tripoli, mais là aussi la nonchalance de l’Etat a affecté négativement le succès de cette entreprise », a ajouté M. Jamali.
La Foire revivra-t-elle un jour ? La solution réside dans « la relance de l’idée d’un séminaire international (…) [qui] consistait à réunir des experts étrangers et locaux pour un travail de réflexion sur la réutilisation d’un équipement qui, de par sa surface et pour beaucoup, est hors d’échelle par rapport à la région voire au pays d’une part et, d’autre part, marginalisé du fait d’un secteur privé dynamique ayant développé un marché important des expositions dans la capitale. », explique M. Rajab.
Pour le Président de la municipalité, la réhabilitation et la renaissance du site passent par trois conditions incontournables : « des aides financières, un peu plus d’intérêt des Tripolitains et la privatisation du site. »

Ghada Jamal et Julie Nassar
Avec la collaboration de nos camarades de S2S A
Cet article a été rédigé en prolongement d’un projet mené au CDI
Révision journalistique et coordination du projet : Mme Brigitte Seux
Collège des Sœurs
des Saints-Cœurs-Tripoli

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