Je résiste… donc je suis
Posted by jeunempl sur juillet 4, 2009
Pays millénaire… terre des Phéniciens… temple des dieux d’outre-temps… berceau de l’Alphabet… point de rencontre des Civilisations… terre des Révélations et lieu natal des Religions… pays de refuge de certaines communautés… passages des conquérants de tout bords… mi-chemin entre Occident et Orient, le Liban a toujours été «une terre qui bouge».
On n’a jamais connu, dans ce pays, comme nous rapporte notre histoire millénaire, une véritable paix, bien que nous soyons, comme disent certains fanatiques, les favoris de Dieu, «qui a, par la création du Liban, couronné la
terre ».
Bref, la formation du Liban contemporain, pays qui s’est baptisé État indépendant en 1943, trouve ses racines dans l’histoire. C’est à partir de l’époque phénicienne que le pays des cèdres s’est édifié. Et, malgré toutes les occupations qu’il a connues, vu sa situation géographique, le Liban a gardé son authenticité. Or, sa diversité culturelle, basée sur une société multiconfessionnelle, et qui fait la richesse de cette société, n’a nullement empêché l’émergence d’une culture libanaise authentique, qui reflète, non seulement des traces de diverses civilisations, mais aussi et surtout, la rencontre réelle du Christianisme et de l’Islam.
En outre, notre patrimoine, qui s’insère dans une arabité culturelle, est, depuis le XVIe siècle, sous l’influence du phénomène d’inculturation; et ce, depuis l’ouverture du Collège Maronite à Rome en 1584.
Comme il est question de résistance culturelle, il convient de nous interroger sur le phénomène de latinisation que nous avons subi, nous les Maronites, depuis le XVIe siècle, l’époque durant laquelle, des Jésuites, envoyés par le Saint-Siège, ont dû brûler nos manuscrits sous prétexte qu’ils ne sont pas conformes à la foi catholique d’obédience romaine?
Osons-nous rappeler aussi que les Français avaient l’intention de transférer les Chrétiens du Liban vers l’Algérie au XIXe siècle?
Au XXe siècle, pendant et après le Mandat français, n’avons-nous pas vécu l’état conflictuel du bilinguisme français-arabe, aux dépens de notre riche patrimoine? Et, si nous sommes fiers d’être «biglottes», faut-il qu’un tel bilinguisme nous arrache à notre culture de base?
Aussi, avons-nous oublié ce que les Américains avaient proposé aux chrétiens du Liban, à la veille de la guerre de 1975?
Comment expliquons-nous le fait que les chrétiens du Liban subissaient un phénomène de déracinement entre 1975 et 1985, date de leur exode du Mont Liban Sud et de la banlieue de Saida ?
Si nous ne citons pas les persécutions que les Libanais, tous les Libanais, ont dû vivre au cours de l’histoire, et surtout depuis les Mamelouks jusqu’à la fin de l’Empire Ottoman, c’est parce que le phénomène culturel ne constituait pas un facteur primordial.
Certes, la création de l’État d’Israël, aux dépens du peuple palestinien en 1948, et le rejet du principe de coexistence pacifique entre les peuples, rejet aggravé par le fait que les Israéliens adoptent une vision unilatérale de l’homme et de l’univers, consolidée par l’idée du «peuple élu»; tout cela a constitué et constitue toujours le grand défi à la structure politico-sociale du Liban… sans oublier les convoitises d’Israël qui justifient en permanence la résistance sous toutes ses formes, y compris la militaire.
De ce fait, nous considérons qu’une résistance culturelle, parallèlement à la résistance militaire – toujours légitime tant que subsiste l’occupation – est plus que jamais nécessaire, d’une part pour rejeter la thèse sioniste unilatérale à laquelle s’apparente celle des fondamentalistes musulmans; et d’autre part pour plaider en faveur de notre identité libanaise, ancrée sur la côte méditerranéenne du Levant, et qui constitue une partie intégrante de la région.
Cela nous conduit à plaider aussi en faveur de la cause palestinienne, cause juste, et surtout en faveur du droit des réfugiés au retour, puisque l’objectif de la politique internationale consiste à favoriser l’implantation des Palestiniens au Liban. Des événements de portée internationale n’ont pas manqué d’y concourir : le grand virage subi à la fin des années soixante du siècle dernier après l’assassinat du président John Kennedy et l’arrivée du secrétaire d’État Henry Kessinger, la chute du Général De Gaulle (ex- protecteur du Liban) après Mai 68, et le conflit fratricide meurtrier qui opposa l’armée jordanienne a l’OLP en 1970.
Actuellement, à la suite de la chaine interminable des évènements que nous avons vécu aux cours des quatre dernières décennies, nous nous confrontons à de multiples projets régionaux, dont celui de l’implantation des réfugiés palestiniens – comme nous le montrent certains accords annexes à ceux d’Oslo, accords qui ont constitué et qui constituent l’un des objectifs de la politique Israélo-américaine – qui menacent les fondements politiques et socio-culturels du Liban contemporain.
Allons-nous céder devant tout ces projets, à l’heure où la politique internationale semble effectuée un retour vers le sens, voire vers l’homme et ses droits, après avoir plongé dans une démarche absurde et meurtrière, de l’Afghanistan à Gaza ?
Or, pouvons-nous être fiers de notre identité et de notre histoire, sans ce vouloir de résister à tout ce qui peut nuire à notre culture et notre patrimoine et menacer notre identité et notre souveraineté ? N’est-ce pas le sens même de la dignité, chère à tout homme raisonnable ? Pouvons-nous ne pas être fiers à l’égard de notre résistance contre la normalisation que cherche Israël, avant la libération de notre territoire et la récupération de tout nos droits ?
Dans ce sens, la résistance n’est pas seulement fondamentale, mais elle est aussi et surtout un devoir. Et le pays qui résiste est un véritable pays. Et le peuple qui résiste est un vrai peuple… un peuple qui mérite d’être ce qu’il doit être : authentique et digne de respect.
Savons-nous ce que cela veut dire… traître… collaborateur… agent… etc ?
Avons-nous déjà oublié les atrocités de l’occupation, et ses conséquences nuisibles ?
Réfléchissons tranquillement… et acclamons la résistance.
D’emblée résister c’est mon devoir.
Je résiste… donc je suis.
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