La phase post électorale débute: Hariri accorde des garanties… le Hezbollah tourne la page… et Aoun insiste sur un gouvernement proportionnel au Parlement!
Posted by jeunempl sur juin 11, 2009
Un gagnant qui ne gouverne pas et un perdant qui ne peut réclamer des comptes. C’est ainsi que la scène libanaise se présente après les législatives. Au Liban, pays de l’entente et de l’union, aucune différence n’existe entre un perdant et un gagnant. Et ce, malgré toutes les campagnes menées pour remporter la victoire.
Pourtant, les prochains scrutins suscitent l’inquiétude des Libanais. D’abord, l’élection du président de l’Assemblée nationale… Quoique cette question soit tranchée au préalable, certains nouveaux députés ambitionnent d’occuper ce poste. Quant à la nomination du prochain premier ministre, elle semble plus difficile, bien que le député Saad Hariri soit le favori pour ce poste.
Toutefois, les deux camps usent de discours calmes et apaisants. L’opposition a décidé de tourner la page et de coopérer avec ses partenaires pour primer l’intérêt du pays. De même, le discours majoritaire est surprenant. Il va jusqu’à louer les pôles de l’autre groupe, notamment Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah. La majorité a qualifié de « très positif » le dernier discours du Sayyed. A l’exception de ses propos concernant la « majorité populaire ».
Mais en marge des propos apaisants, les contestations des résultats au Metn seraient la première épreuve du Conseil constitutionnel. En effet, le groupe parlementaire « Changement et Réformes » a annoncé qu’il contestera la victoire de Michel Murr et Sami Gemayel qui ont percé la liste aouniste au Metn Nord. Les aounistes affirment en outre qu’ils possèdent une série de documents confirmant les violations et les agressions commises. La vidéo diffusée par la chaîne télévisée OTV en serait un simple exemple.
Mais si les bases aounistes font confiance au Conseil constitutionnel pour restituer ce qu’ils considèrent leurs droits, le peuple libanais en entier guettait le premier discours du général Michel Aoun après les législatives. Surtout que les rumeurs ne l’ont pas épargné au cours des deux derniers jours.
Le général préside la première réunion du « Changement et Réformes »… et déclare: « Nous possédons la majorité populaire… Nous réclamons la moitié de la part chrétienne au gouvernement »
Ainsi, trois jours après la fin des « élections mondiales au Liban », le « général » a parlé.
Silencieux depuis le dimanche soir, le général Michel Aoun s’est adressé aux journalistes, après la première réunion de son nouveau groupe parlementaire. Il est ensuite apparu dans une interview télévisée durant la soirée.
Non… Le général ne semblait pas « épuisé », comme le prétendaient les rumeurs. Ni « faible ». Mais « fort », faisant confiance en soi, en son bloc, et en son peuple. Ce peuple qui, en dépit de toutes les campagnes violentes, lui a renouvelé sa confiance, « bien que les résultats soient moins que ses ambitions ».
Le groupe « Changement et Réformes » a perdu certains de ses membres. D’autres s’y sont joints. En tout, il rassemble 27 députés, dont des personnes remarquables de la politique libanaise, notamment le chef du courant « Marada » Sleimane Frangieh, et le président du Parti démocratique libanais Talal Arslane.
Il est vrai que plusieurs personnes ambitionnaient de faire partie de ce bloc parlementaire, comme le vice premier ministre Issam Abou Jamra, les ministres Gebrane Bassil et Mario Aoun. Une seule chose reste certaine: le général Aoun n’a pas perdu. Le voilà qu’il s’apprête à superviser la « majorité populaire » pour quatre nouvelles années.
Au cours de son premier entretien avec les journalistes, depuis le dimanche dernier, le général Michel Aoun s’est félicité du résultat qu’a pu accomplir l’opposition au cours du scrutin électoral, malgré la rude bataille qu’elle a eue à mener « contre l’argent politique et les parties qui ont ramené des électeurs de l’étranger ». Le général Aoun a avoué que l’opposition espérait une victoire plus large, notant que « les résultats accomplis ralentiront le processus réformiste défendu par l’opposition ».
Le chef du Courant Patriotique Libre (CPL) a en outre affirmé que son équipe politique est actuellement dans un état d’attente: « On n’est ni dans l’opposition ni dans le camp loyaliste pour l’instant ».
Commentant les résultats des élections, le général Aoun a refusé de reconnaître la défaite du camp de l’opposition, affirmant que « nous avions 70% des votes chrétiens durant l’étape passée et nous n’avions pas de ministres au sein du gouvernement, maintenant que nous avons 27 députés au Parlement, expliquez-nous comment certains considèrent que nous avons perdu ». Il a par ailleurs ajouté que son équipe n’est « ni contre le président ni contre Bkerké » et que « si l’une de ces instances a quoique ce soit à nous reprocher, elles n’ont qu’à nous le dire ».
Quant au prochain président de l’Assemblée nationale, il s’est demandé: « Y a-t-il un candidat sérieux pour ce poste, autre que Nabih Berri? »
Ensuite, et dans une interview accordée à la chaîne télévisée « OTV », il a commencé par les propos suivants: « Je suis convaincu par mes choix politiques et j’estime qu’ils pourraient mener les Libanais et les chrétiens vers un meilleur avenir, j’ai vaincu et mon groupe parlementaire a grandi, et tous ceux qui souhaitent s’y joindre sont les bienvenus », c’est ainsi que le général Aoun a résumé sa position post électorale.
Commentant la défaite de l’opposition, le général Aoun a déclaré regretter un tel résultat, indiquant toutefois que l’opinion publique avait été terrorisée par l’équipe adversaire qui la menaçait à tort et à travers de l’impact des armes du Hezbollah, annonçant « l’instauration de la wilayat al Fakih », et « l’imposition du tchador aux régions chrétiennes ». Il a alors ironié : « ils craignent le tchador, mais que penseraient-ils de la abaya que leur imposerait Chaker al-Absi, et ce genre d’extrémisme? »
Il a par ailleurs dénoncé les sommes faramineuses « investies » par l’équipe opposée dans ce scrutin, et le nombre de Libanais expatriés que cette équipe a ramené au bercail dans le seul but de les faire participer au scrutin au profit de ses candidats.
Le général Aoun a par ailleurs confirmé que son groupe fera appel de la victoire du député Michel Murr dans la circonscription du Metn, ajoutant que pour ce qui est de l’appel concernant la victoire de Sami Gemayel, ce sera au candidat évincé Ghassan Achkar de prendre cette décision.
Sur un autre plan, le général Aoun a déclaré que peu l’importe qui sera désigné au poste de Premier ministre, affirmant d’ores et déjà qu’il aura « des problèmes avec son mode d’action », et ajoutant, ironique, que « s’il suivra la méthode Siniora, le Liban a peu de chances de continuer d’exister ».
Interrogé sur sa position par rapport à la reconduite du concept du « tiers de blocage », le général Aoun en a vanté les qualités, rappelant que c’est « grâce au tiers de blocage que l’opposition a pu empêcher de nombreuses infractions, et des nominations qui ne devaient pas passer ». Pour ce qui est des portefeuilles qu’il brigue au sein du prochain gouvernement, le général Aoun a affirmé que puisqu’il est à la tête d’un groupe parlementaire de 27 députés, dans un Parlement qui en regroupe 128, son groupe exigera d’être représenté proportionnellement au sein du gouvernement, ce qui équivaudrait à « 7 ministres dans un gouvernement serait formé de 30 ».
Sur le plan régional, le chef du Courant Patriotique Libre a affirmé que « finalement ce sont de grandes puissances mondiales qui décident de tout », ajoutant que « c’est à l’intermédiaire assurant le petrodollar que revient le dernier mot ». Le général Aoun a par ailleurs ajouté que « la sécurité démographique d’Israël est primordiale par rapport à la communauté internationale et aujourd’hui, la menace d’une guerre israélienne visant à désarmer le Hezbollah a gagné en importance ».
Le général Michel Aoun a finalement indiqué que les Américains le combattent à cause de ses positions refusant l’implantation des Palestiniens et de son entente avec le Hezbollah, faisant remarquer que les Etats-Unis « préfèrent » que le député Saad Hariri dialogue avec le Hezbollah.
Le Hezbollah décide d’entamer une nouvelle page… et assure son ouverture sur « ses partenaires au pays »
En parallèle, Cheikh Naïm Kassem, vice secrétaire général du Hezbollah, a affirmé, dans une interview accordée à l’agence de presse « Reuters » que « le Hezbollah a décidé de tourner la page sur l’étape passée, et d’en ouvrir une nouvelle pour l’étape à venir ».
Cheikh Kassem a par ailleurs affirmé que le Hezbollah et ses alliés de l’opposition n’ont pas encore pris de position officielle par rapport au nouveau gouvernement, refusant de confirmer ou de démentir le fait que le tiers de blocage soit une condition à la participation de l’opposition dans le nouveau gouvernement.
Joumblatt appuie la nomination de Hariri au poste de premier ministre
Concernant la désignation du prochain premier ministre, Walid Joumblatt, député chef du groupe parlementaire « Rencontre démocratique », annonce qu’il appuiera la nomination de Hariri, député chef du groupe parlementaire « Futur », au poste de premier ministre. Dans une interview accordée au quotidien « Assafir », il ajoute qu’il ne pas activer les étapes, et de suivre les règles dans l’élection du président de l’Assemblée nationale, puis dans la nomination du premier ministre et la formation du gouvernement.
De son côté, le député Saad Hariri a affirmé qu’après la victoire de la coalition du « 14 mars », il faut œuvrer pour renforcer le Liban, de façon que tous les partis politiques priment l’intérêt national sur les intérêts personnels. Dans une interview accordée à la chaîne télévisée italienne « Rai Uno », il a précisé: « Nous voulons un gouvernement dans lequel tous les partis politiques seront représentés, mais nous ne voulons pas un gouvernement qui ne peut pas prendre des décisions ». Le chef du « Futur » a assuré qu’il discutera avec ses alliés du « 14 mars » le sujet de la Présidence du gouvernement. Sur ce point, Hariri a noté: « Aujourd’hui, je n’ai plus peur d’assumer les fonctions de Premier ministre, avant je n’avais pas beaucoup d’expérience et j’étais dans une période difficile après la mort de mon père. Mais au final, j’œuvrerai pour primer l’intérêt de mon pays ».
Assad contacte Sleimane… louant l’atmosphère consensuelle qui règne au Liban
En ce moment, le président syrien Bachar Assad a contacté son homologue libanais Michel Sleimane, saluant l’atmosphère consensuelle qui règne au Liban, atmosphère nécessaire pour affronter les échéances.
L’appel téléphonique d’Assad survient quelques heures avant la visite à Damas de Georges Mitchell, envoyé américain pour la paix en Moyen-Orient. C’est la première visite d’un haut diplomate américain en Syrie, depuis cinq ans. Selon des sources diplomatiques arabes, « la visite de Mitchell devrait initier le retour de l’ambassadeur américain à Damas », a rapporté le quotidien « Assafir ».
D’autre part, et en un premier commentaire iranien officiel sur les législatives libanaises, Hassan Kachkaoui, porte parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a félicité le peuple libanais pour la réussite de ce scrutin. Il a déclaré: « La République islamique iranienne est satisfaite de la tenue des législatives, en dépit des tensions, des manœuvres sionistes provocantes et des violations de la souveraineté libanaise ». Kachkaoui a souhaité que la confiance accordée par le peuple à ses dirigeants soit renforcée, et que la confiance que le peuple libanais accorde aux dirigeants, et que la coopération et le partenariat caractériseront la formation du prochain gouvernement.
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