Les grands volent, font chanter et mangent les petits
Posted by jeunempl sur mai 26, 2009
Par Roger AKL
Quelle surprise ce 22 mai 2009 à la télévision française, d’entendre parler du Liban. J’étais donc très excité et je tendis l’oreille : le speaker nous raconta que le vice-président américain Joseph Biden avait visité mon pays d’origine, pour dire aux Libanais que l’aide américaine au Liban dépendrait du résultat des élections législatives libanaises qui doivent se passer dans deux semaines. Ce fut tout. En fait, la télévision française n’a parlé de nous que pour proclamer la « générosité » américaine envers nous, générosité imprégnée d’un chantage cherchant à forcer les Libanais à voter, non pour un gouvernement de leur choix, mais un gouvernement du choix des Américains et de leurs alliés, surtout israéliens.
Depuis quelque temps les Américains n’arrêtent pas de nous visiter pour répéter leur appui à l’ancienne majorité parlementaire et leur insistance à la faire élire par tous les moyens en leur pouvoir et tout l’argent de l’Arabie saoudite (volé aux Libanais par les dirigeants qu’ils ont installés de force au Liban, depuis les « accords » diktats de Taëf, sponsorisés par eux et les Saoudiens et dirigés par le défunt Rafic Hariri).
Pour commencer, je remercie le vice-président Biden de la « générosité » tant trompetée de son pays envers nous : ils paient Israël plus de trois milliards de dollars par an pour nous attaquer et nous détruire et nous offrent de temps en temps quelques miettes de quelques millions de dollars pour nous « aider » à réparer les dizaines de milliards de dollars de destructions occasionnées par les armes, pressions et autres « aides » politiques et diplomatiques américaines à notre tendre voisin israélien si dangereusement « démocratique et humain ».
Dernièrement, monsieur Biden s’est montré avec notre ministre de la défense, bien sûr de son bord, devant un exemple de l’aide américaine qui nous attend : deux voitures Humvee et un char M60. Contre qui allons-nous utiliser ces armements, contre notre principal agresseur (pour ne pas dire ennemi) israélien ? Bien sûr que non, car avec les avions et les chars ultramodernes israéliens, ces jouets ne seraient que des tombeaux ambulants où seraient enterrés les soldats libanais.
En fait, ils veulent que notre armée les utilise contre la résistance libanaise, nommément le Hezbollah. Ils veulent donc que notre armée se batte contre le seul moyen de dissuasion que le Liban possède contre Israël. Ils veulent que la « rose » libanaise se débarrasse de ses épines, pour que la chèvre israélienne l’avale sans se blesser.
Or, Monsieur Yoram Chfeitser[1], « expert en matière de terrorisme », du Centre d’Etudes pour la Sécurité Nationale de l’Université de Tel Aviv, a écrit que, pour le moment, l’armée israélienne n’a pas trouvé le moyen de battre non seulement le Hezbollah, mais même le Hamas désarmé de Gaza.
Que cherchent donc les Américains en voulant lancer l’armée libanaise contre le Hezbollah, une guerre civile renouvelée ? Pensent-ils vraiment que les Libanais, déjà échaudés par trente années de combats intestins, dus aux « conseils » occidentaux, seraient encore assez bêtes pour recommencer, attirés par le « cadeau » sinistre de chars déjà dépassés ?
Conclusion
Le 24 mai 2009, un article du New York Times[2] critique la politique du Président Obama vis-à-vis de l’Iran en expliquant que l’Amérique n’a encore rien offert à l’Iran pour s’en rapprocher. Au contraire, le Président Obama n’a rien fait, entre autres, pour arrêter les plans américains de renverser le gouvernement iranien et dépense des centaines de millions de dollars dans ce but. Je ne veux pas poursuivre sur les raisons des échecs successifs des administrations américaines pour assurer la paix au Moyen-Orient. Mais le temps presse, non seulement pour la paix, mais pour la sécurité même d’Israël.
L’Amérique ne peut pas gagner sur le terrain au Moyen-Orient malgré toute sa puissance, car sa politique d’un appui total et sans conditions à l’expansionnisme israélien attise la haine des peuples du Moyen-Orient, quelle que soit leur religion, contre elle et contre Israël. A chaque intervention militaire de sa part ou de la part des Israéliens, le nombre des « résistants », islamistes ou autres, augmente.
Ils seront de mieux en mieux armés et de mieux en mieux entraînés. L’Amérique est trop loin et, parmi ses alliés arabes et musulmans « modérés », la peur d’être renversé se fait de plus en plus sentir ; le Pakistan nucléaire est le prochain domino qui pourrait tomber, sans oublier l’Egypte dont le gouvernement est aux abois. Quant à l’Arabie saoudite…
Israël va être obligé de faire intervenir son armée dans des territoires de plus en plus étendus et de plus en plus longtemps. Combien de temps ses habitants accepteront de mettre leurs enfants en danger pour une politique d’expansion et de domination arrogante, alors que beaucoup d’entre eux possèdent la double nationalité ?
Il est donc temps pour L’Amérique et Israël de songer vraiment à une paix juste véritable. Elle commence par rendre justice aux Palestiniens, aux Libanais et aux Syriens, en rendant tout de suite les territoires occupés et en acceptant de reconnaître les droits des réfugiés palestiniens à revenir dans leurs foyers : reconnaissance d’un droit au retour ne veut pas dire retour, mais ouverture de discussions pour les dédommager.
C’est en fait, la proposition arabe de paix depuis l’an 2002, Proposition qui a été complètement méprisée par les Israéliens et les Américains, forts de leur puissance supposée. Je leur conseille d’y répondre rapidement avant que les événements ne les forcent à accepter des conditions plus dures.
Quant aux électeurs libanais, surtout mes coreligionnaires chrétiens, je leur conseille de ne plus écouter les sirènes occidentales qui les mènent à leur perte, car l’Occident est dirigé par des gouvernements qui ne voient que leurs propres intérêts (et encore) et se fiche royalement de ce que le christianisme oriental représente.
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[1] Que ce monsieur m’excuse de mal écrire son nom, car je l’ai pris de l’Arabe.
[2] Ecrit par Flynt Leverett et Hillary Mann Leverett.
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