Environnement : Ibrahim el Ali rejette le projet de l’île en forme de Cèdre
Posted by jeunempl sur avril 29, 2009
« Un cèdre conservé dans nos montagnes a plus de valeur qu’une île de béton »
L’Hebdo Magazine – Pauline Mouhanna
Dans le cadre du Forum de Paris qui s’est tenu à l’Unesco, Ibrahim el-Ali, président de l’ONG Mawassem Kheir, a abordé l’importance de la protection de l’environnement et de la sensibilisation de la population, en cas de catastrophes naturelles. Et il a vivement critiqué le projet du Cedar Island. Entretien.
Vous présidez l’ONG Mawassem Kheir (Moissons de la bienfaisance). Quelles sont les actions que vous avez menées et que vous menez actuellement?
Juste après la guerre de 2006, nous avons commencé à nous occuper du déminage d’urgence, assister les municipalités pour l’eau potable et monter avec la Finul des projets d’aide (générateur, câbles électriques, reboisement, etc.). Puis, nous avons entamé le reboisement dans les municipalités, et même chez les habitants. En effet, le taux d’urbanisme étant élevé au Liban, le reboisement chez l’habitant, et sur les terrains privés, donne de meilleurs résultats. C’est pourquoi, nous avons lancé, dans un premier temps, un projet de reboiser 40 000 oliviers. Puis, nous comptons mobiliser à nouveau la Finul et les organismes internationaux pour nous lancer dans un reboisement plus ambitieux et plus généralisé. Par ailleurs, une agence d’information s’est créée pour la problématique du développement durable et d’éco-santé au Liban.
Au Forum de Paris à l’Unesco, vous avez parlé de l’importance de la sensibilisation et la participation de la population en cas de catastrophes naturelles. De quelles catastrophes s’agit-il? Et comment faire participer la population?
Les catastrophes sont, hélas, très nombreuses au Liban. D’abord, la guerre en 2006 a été une véritable catastrophe écologique. Les feux de forêts ont détruit plus de 20% du paysage libanais. Par ailleurs, il faut affronter plus de 1000 séismes de basse magnitude, et ce, depuis février 2008.
Pour sensibiliser efficacement la population, je dirais qu’il y a un véritable travail collectif à effectuer, et qui englobe l’Etat, l’excellent Centre de recherches géophysiques d’Alexandre Sursock, qui vise à établir des alertes rapides (grâce aux réseaux mondiaux de stations sismiques tels qu’Iris ou Géoscope), la Défense civile et la société civile. Il faut également former les municipalités et le pouvoir religieux, qui doivent prendre le relais dans leur sermon hebdomadaire. Enfin, il faut faire des simulations.
Pour quelles raisons avez-vous critiqué et rejeté l’île en forme de cèdre au Liban?
Un seul cèdre conservé dans nos montagnes a plus de valeur que cette île en béton. La construction sur le littoral marin utilise beaucoup de sable, véritable filtre pour éviter la salinisation de nos cours d’eau, trésor de la vie pour les années à venir.
Le Liban est la capitale de la biodiversité de l’espace méditerranéen et de tout le Moyen-Orient. Il abrite le corridor le plus important d’oiseaux migrateurs, venant d’Asie pour rejoindre l’Afrique. Puis, nous avons la variété de flore la plus riche en densité et plus de 2600 espèces végétales, dont 100 sont endémiques.
Enfin, notre littoral marin possède des plaques rocheuses en forme de terrasses, qui sont un aquarium riche en biodiversité marine, et sur lesquelles il faudra s’adosser pour construire des aires marines protégées, d’autant plus que toute la région Est de la mer Méditerranée est devenue sans vie. Au moment où la planète entière se mobilise pour lutter contre les méfaits du réchauffement climatique, et la déperdition de sa biodiversité, le vrai défi du Liban serait de se transformer en modèle de développement durable. Alors, découvrons la richesse cachée dans nos terres, et comment donner du travail à nos enfants sans dégrader notre environnement.
Protéger les dauphins
De la communauté libanaise du Sénégal, Ibrahim el-Ali a commencé ses actions en Afrique, avant de se consacrer exclusivement au Moyen-Orient. Au côté de son frère Haïdar el-Ali, il s’est engagé dans la défense des dauphins et des espèces protégées, dans le continent noir, et ce, dans le cadre de l’association Océanium. Il s’est rendu pour la première fois au Liban il y a cinq ans. Pour protéger cette terre et son riche patrimoine écologique, Ibrahim el-Ali a fondé l’organisation non gouvernementale Mawassem Kheir, Moissons de la bienfaisance, en coopération avec la Finul. Pour suivre les actions de cet activiste, rendez-vous sur son blog:
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