Réponse de Nicolas Sehnaoui: Polémique, suite et fin
Posted by jeunempl sur avril 12, 2009
[Suite à la réponse du candidat du CPL au siège catholique de la première circonscription de Beyrouth, Nicolas Sehnaoui, l’Orient le Jour avait publié des commentaires de lecteurs soutenant visiblement la campagne de propagande de l’Orient le Jour à l’encontre du CPL. Le jeune candidat s’est cependant attelé à répondre à chacun d’eux, point par point]
Dans un courrier publié le jeudi 26 mars 2009 dans la page Opinion de L’Orient-Le Jour, M. Nicolas Sehnaoui répondait aux critiques faites au Courant patriotique libre du général Michel Aoun et à lui-même. Une initiative que deux lecteurs entreprenaient de commenter : Danielle Bacha (samedi 28 mars) et Jihad Mouraccadeh (jeudi 2 avril). M. Sehnaoui leur répond dans le texte qui suit. Pour des raisons évidentes, le journal considère qu’un tel échange ne saurait se poursuivre indéfiniment. En conséquence, nous nous abstiendrons désormais de publier tout courrier en rapport avec ce sujet.
Je commencerais par saluer les lecteurs de L’Orient-Le Jour et par leur dire combien je suis heureux d’avoir le plaisir et l’honneur de m’adresser à eux à travers ces droits de réponse successifs. J’espère pouvoir organiser un débat public pour la communauté francophone, ce qui nous permettra de discuter et d’échanger sereinement de tous ces sujets qui nous tiennent à cœur et qui engagent notre avenir.
Malgré la légèreté accablante de la réponse de M. Mouraccadeh, qui titre « Mythes fondateurs du CPL », visiblement sans savoir ce que ce mot veut dire puisque les vérités qu’il s’épuise à contredire n’ont rien de fondatrices pour le CPL et s’apparentant plus à une succession d’étapes parcourues par notre Courant ces dernières années.
Cela étant, le minutieux travail de propagande contenu dans cet article mérite au moins un démenti rapide qui rappellera, je l’espère, à son auteur que le débat de fond est plus utile que la déformation des faits qui a heureusement la vie courte.
Premier mythe, M. Mouraccadeh commence par nier le rôle du CPL dans l’obtention du retrait syrien. Ce serait comique si ce n’était pas tragique. Le CPL a refusé l’accord de Taëf qui a donné un droit ouvert aux Syriens de rester au Liban ; il a ensuite gardé allumée, à grand prix, la flamme de la résistance durant les 15 ans d’occupation. C’est lui qui a obtenu en 2003, et à la suite d’un long effort de lobbying qui a duré plusieurs années, le vote presque unanime du Congrès américain du « Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restoration Act », représentant un changement radical de la politique américaine à l’égard de la présence syrienne au Liban. Enfin, c’est lui qui a manifesté le 14 mars de chaque année contre l’occupation syrienne et a donné le gros des troupes durant les quatre semaines de sit-in qui ont permis à la grande manifestation commune du 14 mars d’avoir lieu et de précipiter le retrait syrien.
Il y a ceux qui font l’histoire et nous leur devons notre souveraineté ; il y a ceux qui sont entraînés par elle, mais qui ont la décence de le reconnaître ; et il y a les usurpateurs qui essaient généralement quand les moments d’héroïsme sont passés, et bien passés, de la déformer. Je laisserais aux lecteurs le soin de reconnaître et de sanctionner les uns et les autres.
Il est utile de rappeler à cet égard que le général Aoun a non seulement été l’architecte principal du retrait syrien, mais qu’il a en plus été précurseur et visionnaire, puisqu’en 2004 il a envoyé à partir de son exil une missive aux principales forces politiques libanaises et au président syrien annonçant le retrait prochain de l’armée syrienne et proposant que les Libanais et les Syriens s’entendent sur une méthodologie garantissant un retrait honorable et une gestion libanaise mature une fois l’indépendance et la souveraineté retrouvées.
Le deuxième mythe à abattre, selon M. Mouraccadeh, serait le retrait des forces syriennes et le recouvrement de la souveraineté, puisque, dit-il, les Palestiniens conservent au Liban des bases armées. Encore un problème de linguistique peut-être et je renvoie donc l’auteur au dictionnaire pour ce qui est de la définition de la souveraineté.
Quant aux Palestiniens, le CPL a été le premier à dénoncer en 2005, dans la première intervention de son chef au Parlement, les poches sécuritaires échappant au contrôle de l’État, et à réclamer leur contrôle par les forces armées libanaises. De même, avons-nous demandé à maintes reprises depuis avant et après l’opération Nahr el-Bared que l’armée contrôle les camps palestiniens.
Mythe numéro 4, selon M. Mouraccadeh, la volonté hégémonique des forces du Courant du futur. Ce que l’auteur devrait méditer, c’est que cette hégémonie était exercée sur tout un peuple et non pas sur le seul CPL comme il semble le croire. C’est à 75 % des chrétiens que le Courant du futur a refusé les 44 sièges et non pas les 14 cités par l’auteur. L’énumération est ici édifiante : Jezzine 3, Zghorta 3, Baabda 5, Koura 3, Batroun 2, Bécharré 2, Achrafieh 5 et Medawar 4, autant de régions enlevées au diktat du PSP et du Courant du futur.
N’en déplaise à l’auteur, et c’est le troisième mythe selon lui, ces sièges ont été récupérés par le CPL. Les lecteurs se souviendront qu’avant les élections de 2005, puis durant 4 années, les forces du 14 Mars ont refusé obstinément de modifier la loi électorale dans le sens du caza, ou de la loi Boutros.
Ils refusaient également d’organiser des élections anticipées qui auraient permis l’émergence d’une chambre plus représentative de l’électorat. Curieux et révélateur puisque, déjà à l’époque, les chantres du haririsme proclamaient le retournement de l’électorat chrétien. Le fait que le ministre Frangié ait réclamé cette loi depuis l’an 2000 et qu’il butait sur le refus constant du Courant du futur n’enlève rien au fait que c’est le CPL qui l’a finalement obtenu à l’arraché à Doha, grâce au soutien du binôme chiite et à l’abandon du général Aoun de son droit à la présidence.
Mais permettez-moi de consacrer une partie de ma réponse à Mme Danielle Bacha dont les questions ne peuvent qu’interpeller tout Libanais en général et tout patriote en particulier. Qu’avons-nous fait pour les disparus ou plus exactement, comme les appelle Ghazi Aad, le président de Solide, les « enlevés de force » ? Combien d’enlevés ont réellement atteint la Syrie et combien ont été éliminés avant par les milices de l’époque ? Le CPL a-t-il sacrifié leur cause à la raison d’État ? Quelle stratégie est envisageable, réalisable pour leur venir en aide ? Car, c’est là finalement l’objectif. Le nôtre, j’en suis certain, et le vôtre sans doute aussi. Je ne saurais imaginer qu’il s’agirait uniquement pour vous d’instrumentaliser leur cause dans une tentative de démontrer que votre ressentiment envers le général Aoun est justifié. Nous partirons donc de l’hypothèse que ce sujet est sérieux et grave, et qu’il ne doit être ni récupéré ni galvaudé. Entre les joutes politiques et le retour des disparus, ce dernier devra toujours primer. Analysons donc les voies possibles ou envisageables pour obtenir ce résultat.
Trois scénarios sont en théorie envisageables : 1) faire la guerre à la Syrie et en kidnapper quelques citoyens afin d’obtenir sa coopération pour le retour de nos frères ou, si à Dieu ne plaise et qu’ils étaient morts, de leurs restes ; 2) maintenir la tension avec la Syrie et souffrir de voir ce dossier paralysé durant des décennies ; et 3) entamer de bonnes relations avec la Syrie afin qu’elle coopère et que, une fois les passions apaisées, elle puisse nous transmettre les informations à sa disposition pour que nos familles puissent soit retrouver leurs membres, soit faire le deuil de leurs morts.
Tranquilles que notre patriotisme n’est plus à prouver, convaincus que cette question doit être mise à l’abri des joutes politiques et de la récupération, vous comprendrez que nous avons choisi la troisième voie qui nous semble la seule capable d’aboutir.
Enfin, je clôturerais sur l’allégation que nous n’étions pas seuls à manifester contre les Syriens durant l’occupation, en paraphrasant Rostand dans Cyrano : C’est un peu court jeune femme. Entre 90 et 93, ni les FL ni les Kataëb ne pouvaient être avec nous dans les manifestations puisqu’ils faisaient partie de la coalition mise en place par l’occupant. Ensuite, entre 1993 et 2004, la participation des FL se cantonnait à la réclamation de la libération de prison de leur chef. À la manifestation du 13 mars 2004, ils se sont même retirés de la manifestation lorsque nous avons sorti des écriteaux arborant la résolution 1559.
Il est assez désolant à cet égard que ces deux partis essaient de récupérer la lutte contre le pouvoir. L’utilisation de la photo d’un de nos cadres emblématiques, Tony Oryan, battu et submergé par une douzaine de fiers à bras dans le clip des Forces libanaises il y a deux jours est accablante. Enfin, prenons les choses du bon côté : ils sont fiers de nos actes héroïques et ces derniers ne nous appartiennent plus, ils appartiennent, comme tout ce que nous avons fait, à tous les Libanais…
This entry was posted on avril 12, 2009 à 11:45 and is filed under Actualité Tayyar-CPL, Billets & Opinions, Géneral. Tagué: 14 mars, 1559, Achrafieh, CPL, Disparus, Elections, Etat, Histoire, L'orient le jour, législatives, Lecteur, Liban, libération, lobbying, Manifestation, Nicolas Sehnaoui, propositions, résolution 1559, retrait, Rmeil, Saifi, sit-in, Syrie, Taef, Tony Orian. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, ou trackback from your own site.
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