1990 – Devoir de mémoire: La population libanaise témoigne (Préface)
Posted by jeunempl sur avril 9, 2009
(Livre Blanc du conflit entre Armée Libanaise et Forces Libanaises)
Ce texte entre dans le cadre plus large de la publication du Livre Blanc, regroupant les témoignages de la population lors de la guerre civile libanaise en 1990. Vous pouvez suivre l’intégralité de ce document sur cette page:
1990 – Devoir de mémoire: La population libanaise témoigne
– Parce que les politiques ont voulu effacer de notre mémoire, à travers une loi d’amnistie, toutes les exactions qu’ils ont commises durant la guerre civile,
– Parce que les médias n’assurent pas leur rôle de conscientisation de la population,
Le Livre Blanc reste encore aujourd’hui une référence pour rappeler à la population, de tous ages, les malheurs que peuvent engendrer tout conflit opposant un Libanais à son propre frère libanais. En attendant que l’état assure un jour pleinement ce rôle de mémoire au niveau de ses institutions, nous vous publions en plusieurs parties le Livre Blanc, rédigé à la fin de la guerre civile par de jeunes étudiants français, extérieurs au conflit, venus au Liban dans le seul but de comprendre. Pour cela, ils partent à la rencontre de la population, témoin des exactions de la milice des Forces Libanaises dans le conflit l’opposant à l’Armée Libanaise.
Préface – Par François Léotard
Ce qu’il y a de plus affreux dans l’horreur, c’est l’habitude de l’horreur. Ne nous le cachons pas, si le drame libanais a souvent suscité la compassion, il a aussi entraîné l’indifférence, l’incompréhension, voire l’exaspération.
C’est le premier mérite de l’Union des Jeunes Européens, de n’avoir pas voulu céder à l’indifférence. Voir pour faire savoir, telle a été leur règle. Le second mérite, et non le moindre, est d’avoir su préserver « les idées simples » qui, comme chacun sait, doivent présider à la découverte de cet « Orient compliqué ».
Leur rapport est accablant. S’il en était besoin, il justifierait nos choix, notre soutien à la volonté populaire de souveraineté du Liban, incarnée par le Général Aoun.
Parce qu’un pacte huit fois centenaire lie la France au Liban, nous sommes quelques-uns à avoir voulu prendre l’opinion publique à témoin, comme l’on prend un interlocuteur par le revers, pour qu’il ne s’échappe pas. Et ce combat, pour reprendre une formule fameuse, c’est « le bon combat ». J’en suis plus que jamais convaincu, au moment même où une opinion résignée ne distingue plus du Liban que des combats fratricides.
Il faut marteler cette vérité première : le Liban est un pays occupé. Il l’est par des avancées étrangères et les accords de Taëf ne font qu’entériner cette occupation. Tout le reste en découle. Les compromissions des uns, les amitiés trahies des autres, le désespoir de la plupart. Mais parce qu’il est notre remords, le Liban est aussi notre espoir. Plus qu’en tout lieu au monde, ici s’incarne le précepte « espérer contre toute espérance ».
J’écrivais, il y a peu, à propos du Liban, « Qu’as-tu fait de ton frère ? ». Je le redis. Car si le Liban libre disparaissait, il faudrait se demander ce que nous avons fait de nous-mêmes.
François LEOTARD
Président du Parti Républicain
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