ISRAËL – Ce que fera (ou non) le futur Premier ministre
Posted by dodzi sur février 9, 2009
Ha’aretz/Courrier International

Une affiche pour une émission télévisée présente les trois principaux candidats (AFP)

Une affiche pour une émission télévisée présente les trois principaux candidats (AFP)
Le nouveau gouvernement israélien devra élaborer une stratégie face aux offres de dialogue faites par le président américain Barack Obama à l’Iran. Mais aucun des candidats en lice pour les élections générales du 10 février n’a évoqué ce sujet…
Tout le monde s’accorde à reconnaître que le futur Premier ministre ne sera pas un grand dirigeant et qu’il sera tout juste capable de conduire la berline israélienne jusqu’au prochain feu de signalisation. Le nouveau chef du gouvernement sera-t-il capable d’adapter sa conduite aux réformes introduites dans le code de la route par Washington, l’Union européenne et même les Etats arabes ? Bientôt, le futur Premier ministre ne devra plus prouver sa capacité à décider d’une opération militaire à 3 heures du matin. Il ne devra plus se montrer apte à ordonner l’envoi de chasseurs-bombardiers sur Téhéran, mais plutôt à s’abstenir de donner un tel ordre. Comment réagira le prochain Premier ministre à l’ouverture d’un dialogue direct entre l’Iran et les Etats-Unis ? Mobilisera-t-il tous les lobbyistes de Washington et organisera-t-il des manifestations devant la Maison-Blanche ? Ou apportera-t-il plutôt son soutien à cette initiative ?
Il est aisé de prendre des décisions contre un ennemi [le Hamas] qui se résume en une poignée de lanceurs de roquettes fondus dans une population civile vulnérable. Il est tout aussi facile de se répandre en considérations péremptoires quand la stratégie israélienne ne concerne qu’un étroit territoire côtier [Gaza] qui ne représentera jamais une réelle menace pour notre existence. Mais quelle sera la politique du prochain gouvernement une fois qu’il lui sera demandé de jouer en première division ?
Les déclarations du président Barack Obama, de sa secrétaire d’Etat [Hillary Clinton] et des plus hauts responsables militaires américains indiquent que l’iceberg placé par George W. Bush face à l’Iran commence à subir les effets du changement climatique. L’Iran est un partenaire potentiel dans la guerre contre le terrorisme, estiment-ils, et, vu que les Etats européens entretiennent par ailleurs toujours des relations diplomatiques avec Téhéran, il est évident que l’important désormais n’est plus la capacité d’Israël à lancer une opération militaire à 3 heures du matin.
La nouvelle stratégie américaine en cours de formulation suppose également le rétablissement de relations avec la Syrie. Beaucoup de responsables en Israël ont ainsi eu du mal à digérer l’intention prêtée à Obama de nommer bientôt un ambassadeur à Damas, et tout porte à croire que la nouvelle administration américaine n’a que faire des problèmes de digestion israéliens. La Syrie veut de toute évidence négocier avec Israël et plus encore normaliser ses relations avec Washington, d’autant qu’Obama a quelque chose à offrir.
Lui aussi semble avoir compris que la politique des sanctions n’avait pas vraiment porté ses fruits. Elles n’ont pas poussé la population à se soulever contre le régime et ce scénario n’a pas davantage fonctionné en Iran. Téhéran est parvenu à se doter d’une technologie suffisamment avancée pour placer un satellite en orbite, tandis que la Syrie s’est réimposée au Liban. Du point de vue des dirigeants israéliens, Obama a manifestement compris trop rapidement que le conflit israélo-palestinien risquait de contrecarrer les efforts américains dans la région, et c’est pour cela que son premier geste a été d’envoyer un avertissement en la personne de l’émissaire spécial George Mitchell. En pleine campagne électorale, Israël a été pris de court et aucun candidat ne s’est montré capable de proposer un plan, un programme ou ne serait-ce qu’une idée.
Les divergences entre Washington et Jérusalem ne portent pas sur la nature de la menace. L’Amérique d’Obama sait bien que l’Iran n’est pas la Suisse et que la Syrie n’est pas le Mexique. Le désaccord porte plutôt sur la manière de neutraliser cette menace. La question qui se pose à cet égard est donc de savoir si le futur Premier ministre sera à la hauteur non seulement de sa nouvelle fonction, mais aussi à la hauteur d’Obama. Le Premier ministre sera-t-il capable de considérer la nouvelle politique américaine davantage comme une opportunité que comme une menace et parviendra-t-il à éviter à Israël un choc frontal avec l’administration démocrate ?
Or, durant toute la campagne des législatives israéliennes, aucun des candidats n’a proposé la moindre réponse à cette question d’une importance cruciale pour Israël. Certes, ils n’ont cessé de nous rappeler ce qu’ils avaient dit et ce que leurs adversaires politiques n’avaient pas dit sur la guerre de Gaza, la deuxième guerre du Liban, les barrages [en Cisjordanie occupée], l’ouverture des points de passage [entre Gaza et Israël], etc. Mais il ne s’agit là que de slogans creux. Un seul de ces candidats a-t-il parlé de l’Iran ou de la reprise du dialogue avec la Syrie ? Si ces sujets ne sont pas dignes d’une campagne électorale, pourquoi, alors, leur accorder tant d’importance avant et après les élections ?
Peut-être les candidats se sont-ils tout simplement moqués de nous.
Tzvi Barel
Ha’Aretz
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