Rétrospective : Liban – Septembre 2006, 1 million de sous-munitions non explosées (Handicap International)
Posted by jeunempl sur janvier 1, 2009
[Rétrospective: L’équipe de presse du MPLBelgique.org retranscrit et retransmet un reportage vidéo réalisé par Handicap International – France sur l’incidence des bombes à sous-munitions larguées par l’armée israélienne au Sud Liban 48 heures avant la fin des hostilités]
John Rodsted/NPAI – Handicap International – www.sous-munitions.org
Cet homme habite dans le sud du Liban, sa ferme a été bombardée lors du dernier conflit. Aujourd’hui, deux de ses vaches, entérées dans son jardin, ont été tuées par des sous-munitions qui n’avaient pas explosé à l’impact. Pour l’instant, malgré les conditions de sécurité précaires, aucun membre de sa famille n’a été blessé.
Sa femme et ses sept enfants vivent sous la menace permanente de ces armes.
Les sous-munitions ont été largement utilisées lors des derniers conflits; en Irak, au Kosovo et en Afghanistan.
En 2006, elles ont été massivement larguées dans le sud du Liban. Les frappes qui se sont intensifiées dans les 72 dernières heures, ont touché des zones habitées. En 34 jours, plus de 2.800.000 de sous-munitions ont été lancées sur cette zone. Selon les Nations Unies, 1 million n’ont pas explosé, menaçant quotidiennement la population.
Un habitant: « Je suis vraiment terrifié par leur présence. C’est inimaginable de vivre avec ça parce que c’est un risque mortel qui nous menacera toute notre vie. »
Dans ce quartier résidentiel, le danger est permanent. De l’autre côté de la rue, un homme a été récemment tué en marchant sur une sous-munition. Le mur porte encore des traces de l’accident.
Pour les populations, il est urgent d’apprendre à vivre avec cette menace. Des programmes de prévention ont été mis en place. Des opérations de déminage sont également en cours.
Karine Gavand (Handicap International): « Nous sommes maintenant devant l’hôpital de Tyr qui se trouve dans le sud du Liban et accueille la majorité des victimes des sous-munitions qui ont été dénombrées après la fin de la guerre. Après avoir tué des civils pendant la guerre, elles continuent de tuer des civils après la guerre, ce qui prouve que l’impact humanitaire de ces armes est bien supérieur à l’intérêt militaire qu’elles peuvent avoir. »
Dans le mois qui a suivi les combats, chaque jour, 3 personnes en moyenne ont été vicitmes des sous-munitions. 82 civils ont été blessés, 10 sont morts des suites de leurs blessures. 36% des victimes avaient moins de 18 ans. La plus jeune avait 6 ans.
Le père d’une victime: « Je vous parle du Sud Liban, mon nom est Fadel Ali Hassan. Ce jeune homme que vous voyez là, c’est mon fils. J’en appelle à la conscience de la communauté internationale afin qu’elle nous débarasse de ces armes. Pour que s’arrête immédiatement la mort de nos enfants, de nos femmes, de nos vieillards… Merci beaucoup. »
En plus des conséquences humanitaires terribles, les sous-muntions qui n’ont pas explosé polluent les immeubles, les champs, les maisons… empêchant la reprise économique et sociale du Sud Liban.
Karine Gavand (Handicap International): « Je me trouve actuellement dans le jardin d’une maison d’un des villages qui a été bombardé pendant la guerre. C’est difficile de se trouver dans un endroit pareil parce qu’il y a du vent et on ne sait pas s’il y a des sous-munitions qui sont encore accrochées sur les arbres. Le constat qu’on fait, c’est qu’il est impossible pour les habitants de cette maison de retourner chez eux et de vivre dans des conditions normales. C’est beaucoup trop dangereux. »
Jane Erik Stoa (Norvegian people Aid): « Le taux de raté, estimé entre 25 et 40%, montre qu’il n’est plus utile de tester, voire même d’utiliser ces armes. Elles ont prouvé encore une fois qu’elles n’ont aucun intérêt stratégique. Elles représentent seulement une effroyable menace pour les civils. Et nous ne voyons pour l’instant que le haut de l’iceberg. »
Malgré les programmes de prévention et de déminage, le nombre d’accidents risque d’augmenter au fur et à mesure que la population tente de reprendre une vie normale. Des mois de travail seront nécessaires pour rendre au Liban son visage d’avant guerre. Pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus, la seule solution est l’interdiction pure et simple de ces armes qui violent ouvertement l’esprit du droit humanitaire international.
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