« Pour Noël, je voudrais… un mari »
Posted by dodzi sur décembre 24, 2008
Pendant les fêtes de fin d’année, des hordes de jeunes Libanais célibataires vivant à l’étranger rentrent au Liban pour passer des vacances en famille. Dans ce pays à la société traditionnelle marquée par une forte émigration masculine, ce moment représente, pour beaucoup de Libanaises en âge de se marier, l’occasion de se lancer à la conquête du parti idéal.
« C’est le moment pour beaucoup de jeunes hommes de rentrer au pays pour les fêtes. Et là les attendent de nombreuses jeunes femmes, qui cherchent à trouver le mari idéal », explique Samir Khalaf, professeur de sociologie et chef du Centre de recherche sur le comportement à l’Université américaine de Beyrouth. « Nous avons ici un vrai problème de démographie », ajoute-t-il. De tous temps, au fil de l’histoire du Liban, les jeunes Libanais ont émigré, notamment pour trouver ailleurs de meilleures conditions économiques. Mais le phénomène s’est renforcé pendant la guerre civile (1975-1990) et la crise économique qui a suivi. Il s’est une nouvelle fois accéléré après le conflit de l’été 2006 entre Israël et le Hezbollah. Selon certaines estimations, on compte aujourd’hui au Liban environ cinq femmes pour un homme en âge de se marier, dans un pays de quelque 4 millions d’habitants. Pour les Libanaises, la compétition est rude dans la course au prince charmant.
Cette année, l’enjeu et les rivalités sont encore plus vifs dans la mesure où la fête musulmane de l’Adha tombe tout près de celle, chrétienne, de Noël : cela entraîne le retour au pays d’un nombre encore plus grand de célibataires. « La compétition entre les femmes porte sur la question de savoir comment trouver le ‘‘meilleur parti’’, ou lakta, comme on dit en arabe », poursuit Khalaf, en précisant : « Ce lakta est un homme qui a étudié et travaillé à l’étranger, qui a une bonne situation et est célibataire ». Exemple : Alaa Manassi, 27 ans. Cet homme d’affaire travaillant au Qatar vient de rentrer à Beyrouth pour passer les fêtes en famille. En cette soirée de décembre, il observe la piste de danse d’une boîte de nuit branchée du Centre ville de la capitale. « Il n’y a plus assez d’hommes ici pour que les femmes puissent juste avoir à faire leur choix», dit-il en promenant son regard sur la foule. Il poursuit : « Le problème, c’est qu’elles commencent par vouloir une relation sérieuse, et puis un mois plus tard elles veulent se marier, surtout si elles savent que vous vivez dans un pays du Golfe ». Le jeune homme ajoute qu’il a rencontré pas mal de jeunes femmes, mais qu’il leur dit toujours qu’il n’est pas pressé de se marier. « Je suis encore jeune », précise-t-il. « Mais quand je serai prêt, je choisirai une Libanaise, c’est certain ».
« Les femmes ont la pression pour se marier avant 30 ans »
Solange Sraih, qui gère l’agence matrimoniale Pomd’Amour à Beyrouth, déclare que les affaires ont été florissantes cette saison, alors que des célibataires pressés par le temps sont venus chercher la femme de leur vie pendant leur brève visite au pays. « J’ai été très occupée depuis que j’ai fondé cette société fin 2006. Pomd’Amour a déjà à son actif trois mariages, et deux qui sont planifiés pour l’an prochain », explique-t-elle à l’AFP. « Mais l’une des difficultés au Liban, c’est que si une femme n’est pas mariée à 32 ans, les hommes pensent qu’elle a un problème et qu’elle ne peut plus avoir d’enfants. Il y a une forte pression sur les femmes ici pour qu’elles se marient avant 30 ans ». Youmna a 27 ans. Elle étudie à Beyrouth pour être enseignante. Elle raconte qu’il lui est de plus en plus difficile de faire face à la pression que ses parents et grands-parents mettent sur elle pour qu’elle fonde une famille. « Je viens d’un village du Akkar (dans le nord du Liban ndlr), où on pense qu’une femme est vieille fille si elle n’est pas mariée à 23 ou 24 ans », explique Youmna, qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas mentionné. « Parfois je pense que je devrai peut-être me lancer en effet. Mais quand je vois le nombre de divorces autour de moi, je me demande si ça en vaut la peine ». Hala Nemer, une célibataire de 40 ans, raconte qu’elle trouve le monde de la séduction particulièrement difficile, avec des concurrentes beaucoup plus jeunes, qui s’habillent de manière provocante et n’hésitent pas à avoir recours à la chirurgie esthétique pour attirer les hommes. « La compétition est particulièrement rude », explique-t-elle, alors qu’elle prend un verre dans une boîte de nuit beyrouthine avec trois amies mariées. « Et quand les hommes voient autant de femmes se presser autour d’eux, ils se demandent bien pourquoi ils devraient se marier », ajoute-t-elle.
Khalaf indique qu’en plus de devoir se conformer à la tradition et ainsi se marier à un âge assez jeune, les femmes libanaises font aujourd’hui face à la nécessité de rejoindre la population active… en d’autres termes, à l’obligation de travailler. « Elles vivent dans une culture où elle doivent à la fois être instruites, travailler, et être belles », dit-il. « Elles doivent être sexuellement attirantes mais pas sexuellement actives, et elles feront n’importe quoi pour attirer l’attention d’un homme. Ce qui se passe maintenant pendant les fêtes, c’est un moment mêlant le sacré et le profane. Et il est particulièrement important de savoir lequel va l’emporter sur l’autre ».
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