Mon Dieu, pardonnez-leur, car moi, je ne peux pas
Posted by jeunempl sur août 12, 2008
(Roger Akl)
Je ne peux pas leur pardonner ce crime. Je ne peux pas leur pardonner d’avoir piégé un autobus plein de vieillards, de femmes, d’enfants et de soldats allant à leurs occupations, leurs écoles ou à leurs missions de protection de la paix civile.
Je ne peux pas leur pardonner d’avoir déformé votre visage de « Dieu miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour » et d’en avoir fait le visage d’un dieu vengeur, fanatique, dictatorial et acariâtre, d’avoir changé votre visage de Dieu, Père créateur en celui d’un dieu meurtrier et destructeur.
Les non Libanais pourraient me demander de quoi il s’agit. Il s’agit d’une bombe qui a explosé dans un bus à Tripoli et qui a tué 15 passagers, dont neuf soldats rejoignant leurs postes, séparant des quartiers belligérants, et fait 51 blessés, dont des soldats et des civils.
Non, il m’est impossible de leur pardonner ce crime qui s’ajoute à bien d’autres contre le pauvre peuple libanais.
Il m’est aussi impossible de pardonner à nos politiciens, nos députés, nos ministres, non seulement, leurs inanités et leur incapacité à se mettre d’accord, sans qu’on leur force la main, mais encore leurs égoïsmes, leurs vanités, leurs soifs de pouvoir, leurs rapacités qui les rendent incapables de servir et les poussent à s’injurier et s’attaquer, en plein Parlement et en plein Conseil des ministres, divisant le peuple et empêchant la reconstruction du pays.
Je ne peux pas leur pardonner les dettes de l’état qui les ont enrichi et ont appauvri la population. Je ne peux pas leur pardonner tous les obstacles qu’ils ont mis devant un arbitrage populaire, caractéristique d’une vraie démocratie, par peur de voir arriver au pouvoir des représentants du peuple qui leur demanderaient des comptes.
En fait, voilà la vraie raison qui empêche le Liban d’avoir une vraie démocratie, après le chaos de ces trente dernières années. Car, ceux qui en ont profité sont aujourd’hui en position de tromper et diviser le peuple, avec leur argent et leur contrôle des médias, dans le but de garder les rênes d’un pouvoir judiciaire, surtout pour l’empêcher de juger et condamner leurs actes passés.
Voilà la raison qui les a poussés à taire au peuple une vérité, connue depuis Platon et qui affirme qu’après le chaos on ne peut pas atteindre la démocratie, sans passer d’abord par un pouvoir autocratique, une dictature, puisqu’il faut l’appeler par son nom.
Une dictature ? Que Dieu nous en préserve, direz-vous. Pourtant il faudra bien passer par là. Pourquoi ne serait-elle pas une dictature « éclairée », volontaire et temporaire, pour permettre enfin de rebâtir le Liban politique sur des bases saines et démocratiques ?
La seconde question : qui sera le dictateur ? Pourquoi pas la personne qui a été choisie comme Président de la République, par tous les partis libanais, et a été agréée par toutes les puissances régionales et mondiales ?
Pourquoi nos bons politiciens parlementaires et ministres ne prendraient-ils pas une année sabbatique, en conservant leurs salaires, bien sûr, pour confier le pays au Président de la république et à un gouvernement de technocrates qu’il désignerait, tandis que l’armée s’occuperait de ramener la sécurité dans le pays, sans avoir à s’occuper des chicanes parlementaires et partisanes.
Que ceux qui voudraient participer à la sécurité s’engagent gratuitement, comme volontaires dans cette armée qui deviendrait ainsi une armée populaire.
Je serais heureux et honoré de le faire, comme soldat seconde classe, malgré mes 70 ans, car j’ai toujours bon pied bon œil. Le Libanais, qui se bat pour être toujours le premier, devrait cette fois-ci le faire pour être le premier à servir.
Bien sûr, cette dictature « temporaire » devrait avoir un temps limite, un but et une mission. Le temps limite serait celui des prochaines élections parlementaires, en avril ou juin prochains, sa première mission serait de mettre au point une loi électorale, suivant les accords de Doha, sa seconde serait d’organiser le dialogue entre les différentes communautés libanaises pour qu’elles s’entendent, sur un partage du pouvoir juste, démocratique et sans possibilités de blocages constitutionnels comme c’est arrivé avec l’accord forcé de Taëf.
La troisième serait de surveiller les élections législatives et de passer la main à un nouveau gouvernement élu par le nouveau parlement.
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