Mouvement pour le Liban

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Droits de l’Homme – Ghazi Aad craint que le dossier des détenus ne soit sacrifié sur l’autel de la normalisation libano-syrienne

Posted by jeunempl sur août 8, 2008

L’affaire sera à l’ordre du jour de la rencontre Sleiman-Assad
(Nada MERHI – L’Orient le Jour)

La libération récente et le retour triomphal des détenus libanais en Israël laissent un goût d’amertume chez les parents des détenus libanais en Syrie, qui ignorent toujours le sort des leurs, comme chez les anciens prisonniers à Damas qui, au moment de leur libération, ont été traités comme des criminels. Longtemps relégué aux oubliettes, matière de litige entre les différentes forces politiques, ce dossier occupe à nouveau les milieux officiels depuis la visite du chef de la diplomatie syrienne, Walid Moallem, à Baabda, le 21 juillet dernier. Il sera d’ailleurs à l’ordre du jour de la rencontre à Damas entre les présidents Michel Sleiman et Bachar el-Assad, fixée au 13 août.
«Mais à quel prix ? se demande Ghazi Aad, porte-parole de Solide (Soutien aux Libanais en détention et en exil). Je crains que le dossier ne soit sacrifié dans le cadre d’un marché pour normaliser les relations libano-syriennes. »
Les appréhensions de l’association Solide et des parents des détenus libanais sont d’autant plus justifiées que les autorités syriennes continuent à nier l’existence de Libanais dans leurs geôles. « Nous avons à ce jour une liste de plus de 600 noms de personnes arrêtées par les services de renseignements syriens ou par certaines parties libanaises qui les avaient livrées à Damas, souligne Ghazi Aad. La Syrie se doit de nous donner des réponses concernant leur sort. »
« Nous voulons qu’on traite notre dossier comme l’ont fait le Hezbollah et Israël avec leurs prisonniers, ajoute Ghazi Aad. Le Hezbollah avait présenté un rapport de plusieurs dizaines de pages sur le sort de Ron Arad. En contrepartie, Israël a présenté un rapport détaillé concernant les enquêtes menées dans l’affaire des quatre diplomates iraniens enlevés au Liban. En ce qui nous concerne, nous voulons un rapport concernant le sort des personnes dont nous détenons des preuves sur leur présence en Syrie. »
La liste que possède Solide dans ce cadre est longue. L’ONG a voulu faire état de trois cas, « les autres seront dévoilés lorsque nous jugerons cela nécessaire ».
Né le 5 janvier 1959, Chamel Hussein Kanaan, originaire de Chebaa, a été porté disparu le 18 juin 1986 alors qu’il se rendait à son poste de travail. Chamel s’était enrôlé dans l’armée en 1978. En 1994, un ancien détenu a affirmé l’avoir vu dans la section de Palestine. « Une lettre adressée aux parents de Chamel Kanaan par l’ambassade de Syrie à Paris décrit toutes les circonstances de sa disparition, niant toutefois posséder des informations le concernant », remarque Ghazi Aad.
Alameddine Mehanna Hassan, né en 1939 à Bayada (Liban-Sud), a été arrêté par les services de renseignements syriens au cours d’une visite qu’il effectuait à des proches à Souaida’a, en Syrie, le 6 octobre 1987. Un an après sa disparition, sa famille a réussi, avec l’aide de Ghassan Chibli el-Arian, membre du Front démocratique arabe, de le voir à deux reprises, en 1988 et le 13 mars 1989, dans la section Palestine. Depuis, les visites lui ont été interdites. Toutefois, un ancien détenu, Fayez el-Qaïs, a affirmé qu’il avait partagé la même cellule avec Alameddine Hassan.
Le cas de Abdel-Wahed Mohammad Ghaza est assez intéressant. Né à Tripoli en 1957, il a été enlevé par les services de renseignements syriens dans sa ville natale en 1986. « Son père a réussi à obtenir sa photo dans sa cellule à la prison de Qala’a, à Damas, après avoir soudoyé l’un des geôliers, souligne Ghazi Aad. Le sort de Abdel-Wahed reste inconnu, malgré que les autorités syriennes aient nié sa présence. »

Priorité aux vivants
« Le dossier des détenus libanais en Syrie est un crime contre l’humanité qui se perpétue. Nous ne pouvons plus continuer à pratiquer la politique de l’autruche vis-à-vis de cette affaire », insiste Ghazi Aad, qui note que la définition des disparitions forcées telle que prévue par la Convention internationale pour la protection des personnes contre les disparitions, adoptée le 20 décembre 2006 par les Nations unies, s’applique à 17 000 cas reconnus par le gouvernement libanais.
Selon cette convention, la disparition forcée est « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquièscement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant ainsi à la protection de la loi ».
Les parties responsables de ces disparitions au Liban sont, au niveau interne, les milices qui se battaient. « Or nous savons que les personnes enlevées par ces milices sont toutes décédées, puisque celles-ci avaient annoncé au lendemain de la guerre qu’elles ne détiennent plus personne », constate Ghazi Aad. Et d’ajouter : « Au niveau régional, les responsables de ces disparitions forcées sont l’Organisation pour la libération de la Palestine, la Syrie et Israël. Si nous insistons sur la partie syrienne, c’est parce que nous avons des preuves que certains des détenus sont encore vivants. Ces derniers constituent ainsi notre priorité. Mais puisque la justice libanaise n’a pas de prérogatives judiciaires à l’égard des officiers syriens qui ont commis ces crimes sur le territoire libanais, nous réclamons que le dossier soir confié à une commission d’enquête internationale, qui comportera également des représentants des comités des parents des disparus. C’est la seule façon pour nous de connaître la vérité. »

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