Mouvement pour le Liban

Représentant le Courant Patriotique Libre en Belgique

Kanaan répond à Michel Touma : Maintenons un débat d’idées !

Posted by jeunempl sur avril 24, 2008

[Rappelons que l’Orient le jour est actuellement l’organe de presse francophone du gouvernement Siniora]

(L’Orient le jour)

Ibrahim Kanaan - CPL TayyarL’article de M. Michel Touma « La crise des élites chrétiennes », paru dans l’Orient-Le-Jour le 14 avril 2008 aurait pu être un sujet de débat intéressant s’il n’avait pas été conduit par une subjectivité marquée contre un groupe de politiciens, au premier chef desquels les députés chrétiens de l’opposition.

Ainsi, je voudrais par ces quelques lignes clarifier quelques points essentiels pour lever toute équivoque et remettre ce débat à sa juste place.

Il a sans doute échappé à mon ami, Michel Touma, que le Liban de Maurice Gemayel et de Hamid Frangie qu’il cite n’est pas le Liban d’aujourd’hui. En effet, ce que nous avons hérité de ces trente dernières années, c’est le Liban de Ghazi Kanaan mais aussi celui de Dib Anestaz, de Kamal Fayyad, de Akl Hamieh et de Chaker Berjaoui pour ne citer que quelques symboles parmi tant d’autres de l’ère milicienne et/ou syrienne et toutes ses conséquences néfastes sur le pays. Un processus entier de désintégration du Liban fut entrepris, ne se limitant pas à l’Etat et ses institutions politiques mais sapant aussi les principes et les mœurs de la société libanaise au rythme d’une guerre et d’une occupation qui dura trois décennies et qui transforma -par la force- notre système parlementaire démocratique en un système « dépolitisé », basé sur le clientélisme et les intérêts, régi par les accords de Taëf et remplissant les institutions par des quasi-fonctionnaires sans vrai choix politique…. A leur tour, la plupart des médias contribuèrent, sous l’effet d’une manipulation bilatérale de l’argent et de la politique, à cette entreprise et il en résulta un pays où la pensée et le choix politique furent réduits à néant.

L’analyse de M. Touma dans l’article susmentionné a eu le tort d’être injuste. En évoquant les élites chrétiennes et les députés chrétiens opposants, l’auteur leur attribue un rôle et une attitude puis les juge en conséquence sans prendre la peine de les consulter ou même simplement accepter l’idée qu’ils peuvent très bien être des chrétiens qui s’avèrent ne pas partager la même vision des choses ou le même camp que lui, loin de tout opportunisme qu’il leur prête ! En d’autres termes, il ne juge pas leur discours ou leurs convictions qu’il considère soit inexistants soit contraires à leur attitude, mais leur personne. Or, il serait utile de rappeler que toute personne doit être jugée sur ses choix politiques plutôt que par des attaques sur le plan personnel, d’autant plus que personne aujourd’hui au Liban ne peut prétendre détenir la vérité absolue.

De plus, l’auteur a commis un impair dans son jugement des députés chrétiens de l’opposition en donnant comme exemple de référence M. Nadim Salem qui laissa tomber ses sièges de député et de ministre, mais en omettant le fait qu’à l’époque, nous avons été encore plus loin dans notre position en choisissant la résistance absolue contre l’occupation syrienne et le rejet total de tout le système politique qui lui était inféodé.

Pour revenir aux choix politiques et aux priorités, force est de noter les constantes suivantes qui sont indispensables à tout débat censé être constructif et utile:

– Un état et une nation ne peuvent être édifiés et consolidés sur la base des aspirations exclusives d’une seule personne ou parti ou même groupement homogène. Il est alors nécessaire de cesser de parler d’un Liban sans tel ou tel autre et se concentrer sur la recherche d’une vision libanaise commune qui soit le fruit d’un débat entre tous les Libanais sans aucune exception.

– Par ailleurs, après trente ans de liquidation de l’état et de la démocratie au Liban, il est impératif de dresser une liste de priorités libanaises qui prenne en considération deux facteurs primordiaux : la stabilité et les moyens. A défaut d’une telle approche, tous les grands discours et les leçons de morale, qu’elles soient mal ou bien intentionnées, nous mèneront à un suicide national et à l’exploitation de notre pays et nos conflits par les forces étrangères comme çà a été le cas souvent dans le passé.

– Concernant les résolutions internationales (1559, 1701, etc.), objet des conflits actuels, nous sommes pour leur application mais selon un processus libanais prenant en compte stabilité et moyens, afin d’empêcher leur exploitation par des forces étrangères à d’autres fins. Il nous faut un processus pour atteindre nos objectifs et non de simples slogans souvent en contradiction avec les attitudes et la réalité.

– Enfin, il faut recréer une vraie démocratie au Liban pour rétablir l’équilibre national surtout après la longue et pénible traversée du désert de l’après-Taëf. Ce qui a été fait en 2005 est une « kleptocratie » et le fait de s’obstiner à la justifier à travers une cause aussi noble que celle du 14 mars 2005, que certains exploitent pour des fins de pouvoir, est indéniablement un crime de premier ordre contre tous les principes étatiques et institutionnels, voire même indépendantistes.

Pour conclure, je tiens à assurer M. Touma que le Liban a plus que jamais besoin de dialogue constructif mais surtout aussi objectif. Il est grand temps d’arrêter les atteintes personnelles de toute part et de les remplacer par un débat d’idées et de choix tout à fait légitime et acceptable.

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