Tendances et événements au Liban
Posted by jeunempl sur avril 15, 2008
(www.voltairenet.org )
Que se passe-t-il au Caire sur le Liban et Affaire As-Siddik
Le paysage politique et médiatique libanais s’est articulé sur une série de développements dont voici les principales caractéristiques :
1. Le président du Parlement, Nabih Berry, a entamé une tournée arabe –après la Syrie- par une visite au Caire où il s’est entretenu avec le président Hosni Moubarak pendant près d’une heure et demi. Après la rencontre, il a assuré que le chef de l’État égyptien a exprimé son appui au dialogue interlibanais, auquel il a appelé, ainsi qu’aux efforts déployés en vu de trouver un compromis entre le 14-mars pro-US et l’opposition nationale. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul Gheith, a également exprimé son soutien au dialogue interlibanais après une rencontre avec M. Berry. Le chef de la diplomatie égyptienne a indiqué que le règlement de la crise libanaise nécessite davantage d’efforts et plus de temps.
2. Quelques heures après le départ de M. Berry, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud al-Fayçal, est arrivé au Caire où il s’est entretenu avec Aboul Gheith en présence du chef des services de renseignements militaires égyptiens, le général Amr Sleimane. Les informations de presse indiquent que la discussion a porté sur le sommet que George Bush compte présider à Charm el-Cheikh, en mai, en présence des présidents Hosni Moubarak et Mahmoud Abbas et des rois Abdallah II de Jordanie et Abdallah d’Arabie saoudite, avec la participation du Premier ministre israélien, Ehud Olmert. Aboul Gheith a de son côté indiqué que l’entretien avec al-Fayçal a porté sur les moyens d’assainir les relations interarabes, le déblocage de la crise au Liban et la question palestinienne.
3. Le Premier ministre de facto, Fouad Siniora, a repris sa tournée arabe après une pause de quatre jours. Il s’est rendu à Amman où il a été reçu par le roi Abdallah II. Son objectif est d’obtenir une réunion du Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères. Mais Nabih Berry a barré la route à cette démarche, estimant qu’une telle réunion, au lieu de régler la crise libanaise, la compliquerait davantage. Il a rappelé à cet égard la décision du gouvernement Siniora de boycotter le sommet de Damas alors que maintenant il est prêt à participer à une réunion ministérielle qui serait présidée par le ministre syrien des Affaires étrangères.
4. Le coup d’envoi d’un mouvement populaire a été donné dimanche pour réclamer la libération des quatre généraux arrêtés dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri. Un grand meeting a été organisé à Nabi Ayla (plaine de la Békaa), le village natal du général Jamil Sayyed, ancien directeur de la Sûreté générale. Dans un message lu en son nom devant la foule, le général Sayyed a révélé que le numéro 2 de la commission d’enquête internationale en 2005, Gerhard Leman, lui a proposé de trouver un bouc émissaire syrien pour lui faire assumer la responsabilité de l’attentat sans quoi il en paiera lui-même le prix. Le chef du bureau politique du Hezbollah, Ibrahim Amine Sayyed, a déclaré que les quatre généraux ne sont pas des prisonniers mais des otages.
5. Les analystes estiment que la disparition du faux témoin dans l’affaire Hariri, Mohammad Zouhair as-Siddik, va provoquer un véritable séisme politique en France. Le député socialiste Gérard Bapt a déjà adressé une question à la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie et compte en adresser une autre à la Garde des Sceaux, Rachida Dati (Voir ce-dessous). D’autres députés vont lui emboiter le pas pour dénoncer ce scandale qui ressemble en tout point à l’affaire Ben Barka. Selon Le Figaro dans son édition de samedi, as-Siddik aurait avoué aux services de renseignement français avoir reçu de fortes sommes d’argent pour faire de fausses dépositions qui lui ont été dictées pour impliquer les quatre généraux libanais et la Syrie dans l’assassinat de Rafic Hariri.
6. La société civile et les associations se sont mobilisées pour commémorer le 13ème anniversaire du déclenchement de la guerre civile au Liban. Les appels se sont multipliés pour faire en sorte que le pays ne glisse pas de nouveau vers un conflit armé.
7. Le chef chrétien de l’opposition, le général Michel Aoun, a réaffirmé que la raison cachée du conflit actuel au Liban est l’implantation des réfugiés palestiniens. Cette question constitue, selon lui, la principale pomme de discorde entre l’opposition et le 14-mars qui souhaite installer définitivement au Liban les 500000 réfugiés.
Affaire As-Siddik
Gérard Bapt, vice-président du Groupe d’amitié parlementaire France-Liban et député socialiste de la Haute-Garonne, a adressé à Mme Michèle Alliot-Marie, ministre française de l’Intérieur, une question dans laquelle il lui demande des « éclaircissements sur les conditions dans lesquelles le témoin Mohammad Zouhair as-Siddik a, selon le ministre des Affaires étrangères, M. Bernard Kouchner, disparu depuis un mois ».
Dans sa question écrite à laquelle Mme Alliot-Marie est tenue de répondre dans un délai d’un mois renouvelable, Bapt demande que soient rendues publiques les informations dont elle dispose sur cette affaire et qu’elle dise si « une enquête a été lancée concernant le sort d’un témoin important du dossier de l’enquête internationale en cours sur l’assassinat de Rafic Hariri et de plusieurs autres personnalités libanaises ».
Durant le week-end, le député Bapt a rencontré la ministre de l’Intérieur qui a affirmé ne rien savoir sur l’affaire as-Siddik, qu’en tout état de cause elle n’était nullement concernée, qu’elle n’avait en conséquence diligenté aucune enquête sur la disparition du témoin et qu’il fallait en référer à la ministre de la Justice, Mme Rachida Dati.
Le député Bapt adressera une autre question écrite à la ministre de la Justice sur cette affaire qui est maintenant, selon lui, « une question franco-française ».
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