Le Liban manifeste ses divisions
Posted by jeunempl sur février 14, 2008
(La presse canadienne)
Des dizaines de milliers de Libanais ont participé jeudi à deux rassemblements bien distincts qui témoignaient des profondes divisions du pays: l’un a réuni des partisans du Hezbollah pro-iranien pour rendre un dernier hommage à Imad Moughnieh, tué la veille à Damas, l’autre marquait l’anniversaire de l’assassinat en 2005 du Premier ministre Rafic Hariri.
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, qui vit lui-même dans la clandestinité par crainte d’assassinat depuis le conflit de l’été 2006 avec Israël, a menacé l’Etat hébreu de représailles. Dans un message vidéo diffusé à la foule, il a accusé Israël d’avoir agi « hors des frontières », c’est-à-dire en-dehors du Liban et il a affirmé que le Hezbollah pourrait lui aussi décider de se venger à l’étranger. Les derniers attentats à l’étranger attribués au Parti de Dieu remontent au milieu des années 1990.
« Vous avez franchi les frontières », a-t-il lancé à l’adresse des dirigeants israéliens. « Avec ce meurtre, le moment choisi, l’endroit et la méthode, sionistes, si vous voulez ce genre de guerre ouverte, que le monde entier l’entende: que cette guerre soit ouverte. »
Israël a démenti son implication dans l’attentat à la voiture piégée qui a tué Imad Moughnieh, soupçonné d’avoir perpétré de nombreux attentats meurtriers. Selon le quotidien « As-Safir » lié au « Parti de Dieu », Nasrallah a rapidement choisi son successeur, qui n’a pas été dévoilé.
Soulignant les liens étroits entre l’Iran et le Hezbollah, le ministre iranien des Affaires étrangères Manoucher Mottaki a fait le déplacement de Beyrouth pour y lire un message du président Mahmoud Ahmadinejad. Le cercueil de Moughnieh, recouvert du drapeau du Hezbollah, a été transporté au milieu de la foule, sous les slogans « Mort à Israël! » et « Mort à l’Amérique! ».
Quelques kilomètres plus loin, dans le centre de la capitale libanaise, se déroulait une autre manifestation, à l’appel des opposants au Hezbollah et des partisans antisyriens du gouvernement, pour marquer le troisième anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri.
Des dizaines de milliers de Libanais ont là aussi bravé le froid et la pluie et convergé vers la place des Martyrs et la tombe de Rafic Hariri. Son frère Chafik a dévoilé une statue de l’ancien Premier ministre sur les lieux de l’attentat qui lui avait coûté la vie. Dans un enregistrement audio, la veuve d’Hariri, Nazek, qui vit à Paris, a exhorté les Libanais à ne pas tomber dans la haine et a appelé à « l’unité pour sauver le pays ».
La majorité antisyrienne comptait sur un rassemblement de grande ampleur pour contraindre l’opposition à accepter un compromis dans la crise politique qui paralyse le pays depuis quinze mois. L’objectif était aussi d’adresser un message à la Syrie pour qu’elle reste en dehors de la vie politique libanaise. « Venez pour qu’ils ne reviennent pas », invitaient certaines affiches annonçant la manifestation.
Les événements de jeudi pourraient être décisifs dans la suite de la crise. Plusieurs membres de la coalition gouvernementale ont présenté leurs condoléances après la mort de Moughnieh, signe d’une volonté d’apaisement de la majorité antisyrienne.
Afin d’éviter d’éventuels affrontements alors que l’opposition campe toujours sur la place des Martyrs, environ 8.000 soldats et policiers ont été déployés dans le centre de la capitale libanaise. Des fils barbelés séparaient les deux groupes et des blindés avaient pris position sur les principaux axes routiers.
L’assassinat d’Imad Moughnieh pourrait par ailleurs entraîner de nouvelles tensions entre Israël et le Hezbollah. Plusieurs personnalités de l’opposition libanaise ont d’ailleurs appelé à des représailles contre l’Etat hébreu. Les ambassades et institutions juives dans le monde avaient reçu pour instruction de se mettre en état d’alerte.
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